14/03/2008

Infos sur mes recherches dans le milieu du design

Intro : Suite à différentes visites (musées, universités, bibliothèques, galeries, magasins…) et rencontres (architectes, designers, chiliens de tous poil ;)) je suis maintenant plus à même de comprendre certains points que voici, et ce qui en découle :
- L’historique du design de mobilier national
- Les droits d’auteur
- Les livres et ses taxes
- Les études, les écoles
- L’offre et la demande

L’historique du design de mobilier national :

Il n’existe encore rien concernant un quelconque historique sur le mobilier chilien. Il n’y a pas un livre, ni une étude à ce sujet. Si elle existe, je ne suis pas encore tombée dessus en tous les cas… Il y a des mémoires d’étudiants concernant le design en général, plutôt international. Ils partent le plus souvent du Bauhaus et de l’Ulm pour terminer avec le design états-uniens (car un « américain » peut aussi bien être un des USA que n’importe quel autre pays d’Amérique…). Même dans la plus prestigieuse des universités d’architecture, « Pontificia Universidad Católica de Chile », les professeurs et les bibliothécaires n’avaient rien à m’ « offrir ».
Par contre concernant l’architecture chilienne, c’est tout le contraire, il y a une quantité incroyable de livres et de mémoires et même de bâtiments superbes à voir dans tout le pays. L’historique national du design graphique lui aussi est bien complet. Ainsi que beaucoup d’information concernant la culture et l’artisanal.

Les droits d’auteur :

Il y en a pour les chansons, les poèmes, l’architecture… mais il n’y a rien de précis pour le mobilier. Ce fut d’ailleurs avec « effroi » que je découvris dans certain magasin des chaises et chaises longues identiques, pour moi, à des créations internationales sans aucune information sur le designer ou la maison d’édition... Ils les recopient en y intégrant ou omettant un mini détail comme une assise un peu moins ergonomique, moins creuse… Cela peut suffire parfois à ne pas être considéré comme une copie mais une inspiration. Ou alors ils prennent le risque de la contrefaçon jusqu'à la plainte de l’auteur, qui parfois n’arrive jamais. Ce manque de protection des auteurs compliquent beaucoup la diffusion des créations chiliennes.
Un designer m’a dit qu’il n’était pas prêt a faire son site internet car il ne voulait pas être copié ! Alors qu’en Belgique rien que le fait de diffuser l’information est déjà une protection car justement on peut prouver l’existence de l’idée à une date donnée. Je comprends mieux maintenant la difficulté que j’ai eu à trouver des designers lorsque je faisais de la « veille » via internet en Belgique. Il y a tout de même des sites de designers mais ces designers ont une certaine reconnaissance dans le milieu qui leur permettent de s’afficher au grand jour. Sans se soucier des copies lorsqu’ils arrivent à en vivre… Ce qui au final, j’ai cette impression, ne doivent pas être beaucoup.

Les livres et ses taxes

Le monde du livre est très compliqué car durant la dictature de 73’, il y a eu une taxe spéciale sur les livres. Pour moi, il s’agissait de faire en sorte que le peuple chilien reste le plus inculte possible pour mieux le diriger. Et cette taxe existe toujours, donc il est très difficile lorsqu’on est pauvre de se cultiver. Les livres étrangers dans les librairies ne manquent pas du tout, mais ils coûtent tellement plus cher qu’en Belgique. Par exemple, un petit livre Taschen, sur le Design, acheté 10 euros en Belgique coûte ici 25 ! Et pour un Chilien moyen, c’est cher, pour moi aussi… C’est pire pour les livres nationaux car comme ils s’en vendent peu, ils n’en font qu’un tirage limité, ce qui n’aide pas à baisser son prix.

Les études, les écoles :

Comme dit précédemment l’architecture d’intérieur n’existe pas comme titre d’étude. Il y a le décorateur d’intérieur, ce n’est pas universitaire, en 2 ou 3 ans. Le design industriel en 4 ans à l’université. Le design d’objets n’existe pas en tant que tel… Les écoles, pour étudier l’architecture et/ou le design, sont toutes des universités mais tout dépend de l’école de laquelle on sort, et cela peut donner une grande valeur ou non au diplôme. Donc cela dépend des moyens financiers de chacun. Plus vous aurez de l’argent et plus vos études seront bien encadrées. C’est exactement comme aux Etats-Unis. Les bonnes universités d’architecture avec options design d’objet, par exemple, coûtent 300 euros / mois, et cela dure 4 ans avec stage. La Cambre c’est 350 / an…
Pour être reconnu et considéré comme bon, il faut sortir de l’université, comme il n’y a pas vraiment d’études universitaires spécifiques sur ce sujet, les designers sont des architectes qui font aussi de la conception d’objets.
Je dois encore me renseigner d'avantage concernant les titres et les écoles offrant ces études.

L’offre et la demande :

Il y a une différence incroyable en Amérique du Sud par rapport au reste du monde. C’est qu’Ikea n’existe pas ici. Et, il n’y a rien qui ressemble a cela. À part « Casa idea » mais cela se limite à des objets de décoration (un peu ce qui se trouve lorsqu’on descend au rez-de-chaussée d’Ikea pour y acheter les accessoires). L’approche que les gens ont sur l’achat d’un meuble est un peu ce que nos parents ou plutôt nos grands parents avaient comme coutume. C’est-à-dire qu’ils sont toujours dans le concept de l’héritage. Je pense que cela joue beaucoup sur la manière de concevoir son espace intérieur. Un meuble de 100 ans de style espagnol ou anglais est ce qu’il y a de plus chic pour eux. En voyant à la TV tous ces objets qui arrivent sur le marché chilien et en plus d'une envie de changement, petit à petit les jeunes générations trouvent ce concept un peu dépassé.
Il y a ici aussi le concept du « Rêve Américain » et dans toutes les classes sociales… Ainsi que le boom de l’importation avec les styles de maisons américaines, les voitures sont à 100% importées…
Il y a des chaînes de magasins qui heureusement vendent les VRAIS créations avec les prix qui l’accompagnent. Vu de la Belgique on pourrait croire que les gens ayant les moyens manquent mais ils s’en comptent bien plus qu’on ne le pense. À part Ikea, toutes les autres grandes marques de mobilier ou vestimentaires existent.
Les Chiliens sont ultra traditionalistes et fort croyants pour la plupart. Le Chili autorise légalement le divorce seulement depuis l’année 2007. Il y a une demande de changement de style auprès de la jeune et « confortable » génération chilienne. Beaucoup me disent d’amener du Belge ici au Chili ou de l’Italien… J’ai parfois l'impression que l’exportation de design européen me sera plus bénéfique ou en tout les cas plus facile a faire que l’inverse.

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Je suis en train de préparer un voyage dans le sud du Chili pour aller à la rencontre des Mapuches (les indiens du Chili). Je veux voir comment ils vivent ; leurs créations, les maisons, les vêtements, les bijoux, les objets, leurs cultures musicales, instruments et autres, ainsi que leurs croyances. Et leur intégration à la civilisation coloniale.

02/03/2008

Ca y est

Je suis arrivée à bon port après 3h00 puis 9h30 de vol (13h30 avec le décalage), j'étais comme à chaque fois super émue et heureuse d'être là.

Le 1er mars au Chili équivaut au 1er septembre. Donc c'est fini les vacances et la chaleur insupportable. Il ne fait pas aussi sec que je l'imaginais, il n'y a pas, ou presque pas, de manque d'eau, cela se subit surtout dans le nord, dans le désert. Ça fait depuis la mi-décembre qu'il n'a pas plu à Santiago!! Ils n'attendent que ça...

A peine arrivée, je partais pour le mariage civil de Georgia, je la qualifierai comme ma sœur adoptive. C'est elle, qui lors de mon premier voyage en novembre 2006, a été tout le temps disponible pour m'accompagner et voyager avec moi. Ce fut une chance de tomber juste le jour de son mariage car il était prévu la semaine passée. Par contre pour celui de l'église de samedi prochain... Sur la photo la mariée en blanc avec son mari, Felipe, à coté d'elle. Ce sont tous des chiliens, avec pour tout le monde des origines étrangères, mais à des stades différents de génération.

Ici le temps est splendide 32C et le soleil se couche vers 21h00.

J'ai eu la chance de rencontrer durant le mariage 2 nanas architectes dont une qui ne dessine que des luminaires et l'autre des maisons ainsi que parfois l'aménagement intérieur. Elles étaient fort intéressées par mon projet. Elles connaissent Henri Van de Velde (le créateur de mon école) ce qui me donne une certaine crédibilité car une fois dit, chacune va me montrer ses créations pour leur donner mon avis.
En discutant avec elles, j'ai eu déjà une idée de la difficulté de définir ma profession. Car "disenadore de interiores" équivaut pour certain à décoratrice d'intérieur et "architecta de interior" n'équivaut à rien car cela n'existe pas. Donc je devrai trouver ce qui me correspond le mieux et tout dépend surtout de qui se trouve en face de moi. Le design ne fait que commencer réellement ici, je veux dire par là que l'intérêt pour le design contemporain national démarre, avant ils n'ont fait qu'importer les grands noms, les classiques, c'est 99% du marché actuel du design contemporain, comme les Eames, Artemide, Lecorbusier...
Il y a un grand designer Cristián Valdés qui est l'unique designer chilien depuis 1977, qui est reconnu en tant que tel et qui s'exporte très bien dans tout le continent. Il a dessiné des chaises, qu'on nomme "las sillas Valdes" qui sont pour les chiliens d'une grande réussite car elles sont la combinaison entre le moderne et l'autochtone avec le mélange du bois et du cuire.




... la suite très bientôt...

28/02/2008

!! Le départ imminent !!

Le 29 février à 19h20.

Arrivée le lendemain matin.


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